1°) Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Camille Mesnager et j’ai obtenu mon diplôme en 2016. Je travaille actuellement en tant qu’ingénieure en recherche et développement chez SEFPRO, une entité de Saint-Gobain spécialisée dans les matériaux réfractaires utilisés dans la construction de fours verriers.
2°) Peux-tu décrire ton parcours professionnel ?
En 2016, j’ai choisi de suivre les options « Matériaux du patrimoine » et « Ingénierie des matériaux » à CP. J’ai effectué un stage en troisième au collège chez un maître verrier, ce qui m’a passionnée et m’a donné envie de travailler sur ce matériau en particulier. J’ai donc postulé pour un stage chez Saint-Gobain Recherche Compiègne lors de ma dernière année d’école. Ce stage consistait à augmenter les cadences de perçage et de meulage du verre pour pare-brises. Ensuite, j’ai effectué une VIE (Volontariat International en Entreprise) aux États-Unis chez Sageglass, toujours dans le domaine de la recherche et développement chez Saint-Gobain, pendant un an et demi. J’ai ensuite été embauchée chez Saint-Gobain Glass Italy, où j’ai travaillé pendant trois ans en tant qu’ingénieure en développement et procédés sur la ligne magnétron de Pise (revêtement sur feuille de verre). Je souhaitais revenir vers un métier moins opérationnel, où je pourrais développer des produits à une échelle allant du laboratoire à l’échelle industrielle. Je travaille depuis un an et demi chez SEFPRO, au sein du centre de recherche Saint-Gobain Recherche Provence, un centre spécialisé dans la recherche et le développement de produits céramiques.
3°) Peux-tu présenter ton métier actuel à Saint Gobain ?
Mon métier actuel se situe à l’interface entre la recherche en laboratoire et le développement industriel de produits réfractaires pour les fours verriers. C’est un métier pluridisciplinaire et multitâches. Mon travail consiste principalement à développer de nouveaux produits et procédés pour une usine française de produits réfractaires frittés. Les contraintes environnementales et climatiques actuelles sont prises en compte dans l’ensemble des projets de Saint-Gobain. Nous cherchons à utiliser des énergies décarbonées afin de réduire les émissions de CO2 des fours verriers.
Un de mes autres projets est de comprendre le comportement de nos matériaux actuels lors de la combustion de l’hydrogène. Des essais ont été réalisés la semaine dernière en Allemagne (voir lien ci-dessous). https://www.capital.fr/entreprises-marches/saint-gobain-realise-la-premiere-production-de-verre-plat-avec-plus-de-30-dhydrogene-1464386
4°) Quel profil est recherché pour exercer ce métier à Saint-Gobain ?
Le métier que j’exerce est très spécifique et nécessite une connaissance approfondie des notions thermomécaniques, de la physicochimie des matériaux, de la formulation des matériaux céramiques et du frittage, de la chimie des additifs, des interactions de surface, de la cristallographie, de la simulation thermochimique, des procédés, de l’instrumentation, et bien d’autres encore. Il faut avant tout faire preuve d’adaptabilité, car il y a de nombreuses notions que je n’avais pas revues depuis la classe préparatoire. Le travail d’équipe et le soutien technique au sein du centre sont primordiaux pour obtenir des réponses à mes questions. Selon moi, pour occuper ce type de poste, il est important d’avoir des connaissances générales dans plusieurs domaines scientifiques et d’être capable d’apprendre rapidement, de communiquer efficacement et d’avoir une forte capacité organisationnelle pour jongler entre les différents sujets sans se perdre. Même si je n’ai pas de thèse, mes acquis de classe préparatoire m’ont beaucoup aidée.
5°) Qu’est-ce qui, dans ton parcours t’a aidé à acquérir les compétences et qualités nécessaires pour exercer le métier d’ingénieur R&D dans le domaine du verre ?
Au-delà de la littérature, je pense qu’il n’y a rien de plus formateur que de discuter avec des experts techniques et de se former directement auprès des membres de l’équipe. Mon expérience en production m’a aidée à gérer les sujets urgents et à établir des priorités. L’autonomie s’acquiert avec le temps et l’expérience technique accumulée. Il est très important, au début, de réaliser ses propres manipulations afin de mieux comprendre les produits et d’appréhender la marche à suivre pour les améliorer. Enfin, nous bénéficions également de formations annuelles. Dans mon cas, une formation spécialisée sur le verre est dispensée à l’ensemble des collaborateurs travaillant de près ou de loin avec ce matériau.
6°) Pourquoi avoir choisi Saint-Gobain ?
En général, l’ambiance au sein des équipes de Saint-Gobain est bonne, et c’est aussi ce qui fait que je reste dans l’entreprise. Si le travail est bien réalisé, nous avons la possibilité d’évoluer. La mobilité est une valeur appréciée chez Saint-Gobain. Personnellement, j’ai été très bien accueillie lorsque j’étais stagiaire en 2016, et les ressources humaines locales m’ont trouvé une mission en VIE à la fin de mon stage. L’autre stagiaire avec qui je travaillais a été directement embauché dans le centre. Je le constate également aujourd’hui : l’équipe RH attache une grande importance à repérer de nouveaux talents et à les garder au sein du groupe. De nombreux ateliers sont mis en place pour aider les stagiaires à trouver le parcours qui leur convient le mieux.
7°) Qu’est-ce qui, pour toi, rend le secteur du verre attractif d’un point de vue scientifique ou d’un point de vue du secteur professionnel en lui-même ?
Le verre est un matériau un peu particulier sur lequel les scientifiques n’ont pas encore tranché quant à sa catégorisation. Certains le considèrent comme une céramique, d’autres non. C’est un domaine où l’apprentissage des propriétés du verre est constant et où les procédés de mise en forme sont nombreux. On peut lui appliquer un revêtement, le tremper pour augmenter sa résistance mécanique, le feuilleter pour accroître la sécurité des utilisateurs (comme dans les pare-brises) ou encore l’utiliser comme isolant dans la laine de verre. La façon de le façonner diffère considérablement en fonction de l’application visée, ce qui en fait un matériau extrêmement intéressant. Dans mon cas, j’étudie l’interaction entre le verre et les matériaux réfractaires à haute température.
8°) Pourquoi avoir choisi la R&D ?
La recherche et développement me permettent d’acquérir quotidiennement de nombreuses connaissances techniques. Mon métier se situe actuellement à l’interface entre le marketing, l’usine, les laboratoires d’analyse, nos clients fabricants de verre et la recherche. C’est précisément ce qui m’intéresse dans la recherche et développement appliqués. Au-delà du poste lui-même, nous nous intéressons aux matériaux de demain, en tenant compte des défis du recyclage, des pénuries d’énergie et de la décarbonation de nos matériaux et procédés.