Retour d’expérience 

Fiche métier Saint-Gobain 

 

1°) Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Benoît Quinard. Je suis un alumni de Chimie Paris (CP) (promo 2016) que j’ai intégré après une prépa PC. J’ai effectué un double diplôme à Jussieu pour le M2 (2ème année de Master). J’ai une préférence pour la chimie organique et les sciences des matériaux (notamment l’électronique) d’où un parcours M2 plutôt axé sur les matériaux moléculaires. 

2°) Peux-tu décrire ton parcours professionnel ?  

J’ai d’abord réalisé un stage M1 à l’IMS (Institute for Molecular Science) au Japon sur des transistors à base de monocouches moléculaires. J’ai ensuite effectué un stage de M2 à l’Unité Mixte de Physique CNRS-Thales sur des jonctions tunnel à base de monocouches moléculaires auto-assemblées (électronique moléculaire avec du magnétisme). J’ai poursuivi en thèse sur le même sujet. Enfin, j’ai fait un petit post-doc Covid dans le même laboratoire et j’ai été embauché à Saint-Gobain Recherche (SGR) en 2021. 

3°) Peux-tu présenter ton métier actuel à Saint-Gobain ? 

Je suis ingénieur de recherche en couches minces. Le gros du travail consiste à fabriquer des empilements de couches minces nanométriques avec des propriétés optoélectroniques particulières pour conférer des fonctionnalités nouvelles à des substrats. La plus grande partie de ces activités se concentre sur l’optique et le contrôle des transferts thermiques du verre mais il y a beaucoup d’autres sujets qui s’écartent de ce cœur de métier. Une particularité personnelle est que je travaille sur l’amélioration des procédés (pulvérisation cathodique par exemple) plutôt que sur les empilements produits. Un plus que j’apprécie est qu’on est fréquemment amenés à conduire des essais sur des lignes de production industrielles. 

4°) Quel profil est recherché pour exercer ce métier à Saint-Gobain (qualifications, qualités) ? 

Avoir un doctorat est quasiment obligatoire à quelques rares exceptions près. Les qualités sont j’imagine celles attendues d’un docteur :  

  • Curiosité et capacité à apprendre : il faut savoir appréhender de nouvelles thématiques fréquemment et parfois en proposer de nouvelles. 
  • Organisation : on a souvent plusieurs projets en même temps donc il faut apprendre à gérer plusieurs thématiques différentes à la fois. 
  • Capacité à collaborer : on est parfois nombreux à interagir sur une étude donnée et il faut être capable d’avoir un bon esprit d’équipe avec des interlocuteurs variés (R&D, usine, marketing…). Savoir identifier vers quelles personnes se tourner pour obtenir des conseils et des infos est particulièrement précieux. 
  • Ce qu’on appelle le “sens du client” : comprendre les attentes des personnes qui nous confient des études, adapter le travail de recherche en fonction et être capable de fournir des livrables (présentations et notes techniques) bien rédigés, en français ou en anglais. 

Concernant les thématiques scientifiques, elles sont très variées à l’échelle du centre : il y a des groupes axés sur la chimie qui travaillent sur des formulations de polymères (composites, adhésifs…) ou de ciments, des groupes qui travaillent sur la fabrication du verre ou de céramiques de spécialité… Concernant les couches minces, il faut avoir des bases en optique, en électronique et en matériaux (cristallinité, théorie des bandes…) mais rien qui ne puisse s’apprendre “sur le tas” avec quelques bases. Savoir coder peut servir mais ce n’est pas indispensable. 

5°) Qu’est ce qui, dans ton parcours, t’a aidé à acquérir les compétences et qualités nécessaires pour exercer ton métier ? 

Pour la curiosité et la culture scientifique, le cursus de CP est très bien. Pour les méthodes de travail et la capacité à faire de la recherche, la thèse est assez incontournable. Après, ce sont souvent des cas particuliers : j’ai été amené à bidouiller des bâtis de dépôt pendant ma thèse, ce qui m’a orienté vers un poste un peu plus axé procédés de dépôt. Quelqu’un qui aurait fait beaucoup d’optique se serait plutôt orienté vers un poste correspondant à ses connaissances. Une fois en place, il est toujours possible de discuter pour être amené à travailler sur des études plus proches de ses domaines de compétence. 

6°) Pourquoi avoir choisi Saint-Gobain ? 

Il y a une vraie valorisation des profils d’ingénieur-docteur à SGR, ce qui n’est pas forcément très répandu ailleurs. Il y a des thématiques de recherche variées et donc des postes pour de nombreux profils différents, ainsi qu’une bonne culture de la recherche. La moyenne d’âge est assez jeune. En termes d’interactions sociales et d’ambiance, c’est très agréable. Les applications sont souvent tournées vers l’amélioration de la performance énergétique ou de la sobriété de matériaux de construction, c’est donc un peu plus sympa en termes environnementaux et sociaux que de faire du pétrole ou du shampoing. 

7°) Qu’est ce qui attire le plus chez les stagiaires venant de Chimie ParisTech ? 

Ils sont généralement curieux, autonomes, vifs et s’intègrent bien. Le cursus de CP est en bonne adéquation avec la plupart des thématiques scientifiques de SGR, ce qui leur permet d’être à l’aise. Je n’ai jamais entendu de critique majeure à propos de l’un d’entre eux. 

8°) Peux-tu expliciter les attentes vis-à-vis d’un stagiaire pendant le stage (qualités personnels, forme du travail réalisé durant le stage et rôle du stagiaire dans l’activité de l’entreprise) ? 

Pour moi la plupart des attentes correspondent aux qualités précédemment évoquées. A cela il faut ajouter des attentes sur les aspects humains, c’est personnellement important pour moi que le stagiaire s’intègre bien à l’équipe d’accueil. Cela rend l’expérience plus agréable et cela facilite l’obtention d’aide sur les manips et les concepts. 

9°) Peux-tu expliciter le décalage que tu as observé entre les attentes de ces stagiaires et le contenu de leur travail ? 

Il peut selon moi y avoir deux types de décalages : 

  • Décalage scientifique entre les attentes du stagiaire et la nature de la recherche pratiquée à SGR. SGR reste une entité industrielle où la recherche est au service de l’amélioration ou du développement de nouveaux produits, avec les restrictions scientifiques que cela amène. Il faut donc essayer de bien cerner au préalable le contenu thématique du stage, et l’aborder en ayant conscience qu’on ne va pas nécessairement travailler avec des concepts à la pointe de la recherche la plus récente comme ceux étudiés en master par exemple. 
  • Décalage dans les activités : quelques rares stages peuvent être perçus dans la durée comme un peu répétitifs, de par le nombre limité de manips à mettre en œuvre et/ou un aspect un peu trop itératif. C’est dans ce type de situation que la capacité à communiquer s’avère indispensable, afin de pouvoir échanger avec l’encadrant et ouvrir le stage à des approches nouvelles. Cette remarque est cependant loin d’être exclusive à SGR et peut s’appliquer dans n’importe type de structure.